Burkina Faso : Sept ONG font front commun pour le financement de l’éducation

0

Sept Organisation non gouvernementales ont fait un front unique contre le faible financement du système éducatif au Burkina Faso. A travers une conférence de presse tenue le mardi 20 septembre 2022 à Kaya, dans le Centre-nord, elles ont tiré la sonnette d’alarme car le Burkina Faso est devenu le pays d’Afrique de l’Ouest le plus impacté par la fermeture d’écoles du fait de l’insécurité.

Le Burkina Faso traverse en ce moment une crise sécuritaire et humanitaire grandeur nature. Ce sont les personnes faibles et vulnérables qui paient le plus lourd tribut. Cette situation contribue de plus en plus à la déscolarisation des enfants. Ce mardi 20 septembre 2022 à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-nord, ville qui regorge le plus de déplacés internes avec son corollaire d’enfants déscolarisés, des Organisations non gouvernementales (ONG) dont Plan international, Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Save the children, OXFAM, Humanité et inclusion, Children Believe et World Vision ont lancé un appel à la mobilisation de tous les acteurs humanitaires et des autorités nationales.

Anika Krstic de Plan international a soutenu qu’il est urgent de mieux protéger les écoles

Le symbole est fort. Le ton est solennel. D’une même voix, elles ont tiré la sonnette d’alarme sur le faible financement de l’éducation au Burkina Faso. Cette initiative vise à susciter une dynamique de prise de conscience de l’ensemble de la communauté humanitaire. « Nous devons accélérer et renforcer la mobilisation de tous les acteurs au plus vite. Autrement dit, la situation actuelle appelle l’ensemble de la communauté humanitaire à l’action sans délai. Cela implique une re-priorisation urgente du secteur éducatif par les bailleurs de fonds humanitaires », a exhorté la représentante résidente de Plan international au Burkina, Anika Krstic.

Près de 4 258 écoles fermées en mai 2022

Selon ce consortium d’ONG, en mai 2022, le Burkina Faso comptait 4258 écoles fermées, soit une augmentation de plus de 25% comparé à début janvier 2022. Ce qui fait de lui, le pays le plus impacté en Afrique de l’Ouest par ces fermetures d’écoles du fait de l’insécurité. Il comptabilise à lui seul le tiers des écoles fermées de toute la région, deux tiers d’écoles du Sahel central comprenant le Mali, le Niger.
Malgré cette situation d’urgence, déplore-t-elle, le secteur de l’éducation se trouve être le moins financé de la réponse humanitaire au « pays des hommes intègres » avec à peine 13% de couverture à la fin 2021.

Trois enfants sur quatre n’ont accès à aucune forme d’éducation au Burkina Faso a déclaré Hassane Hamadou du (NRC)

De façon chiffrée, le montant alloué par les bailleurs de fonds humanitaires entre janvier et août 2022 représente à peine 177 francs CFA par mois et par enfant déplacé en âge d’être scolarisé. Le suivi financier par secteur effectué par la coordination humanitaire précise que seulement 2,8% des financements humanitaires dans le secteur de l’éducation ont été atteints à la mi-septembre 2022, soit 1,5 millions de FCFA déboursés alors que 54 millions de francs CFA sont nécessaires pour couvrir l’ensemble des besoins éducatifs liés à la crise humanitaire.

Des recommandations à mettre en œuvre

Le consortium d’ONG appelle à œuvrer pour une collaboration renforcée et une coordination efficace sur le terrain sous le leadership du ministère en charge de l’éducation. Cela afin de procéder au diagnostic des écoles et centres de formation tout en renforçant l’accessibilité des écoles. Cela permettra de mettre en œuvre des stratégies de scolarisation accélérées et alimentaires. Les encadreurs pédagogiques ne sont pas en marge. Leurs compétences devraient être renforcées, de l’avis des ONG initiatrices de cette conférence de presse.

Pauline Jacquart de Humanité inclusion, des stratégies de scolarisations accélérées doivent être mises en place

Il y a en outre, l’appui des dynamiques locales de soutien à l’éducation impliquant les leaders communautaires, les autorités locales et nationales. Les organisations qui disposent de mécanismes internes pour déclencher des actions urgentes au regard de la situation sont appelées à le faire. Plan international a d’ores et déjà déclenché une alerte rouge dans huit pays dont le Burkina Faso. C’est un dispositif, a expliqué Mme Krstic, qui offre la possibilité de réorienter les priorités et de rendre certains financements plus flexibles afin de soulager les populations.

Hubert Ouédraogo directeur plaidoyer de Save the children appelle à la mobilisation de tous les acteurs

Au regard des besoins croissants, les ONG recommandent que le secteur éducatif soit urgemment priorisé dans les allocations financières des bailleurs de fonds humanitaires et la création d’offres d’éducation alternatives non formelles comme l’apprentissage à distance. En plus, selon les ONG, il est urgent de mieux protéger les écoles et le personnel enseignant en mettant pleinement en œuvre la déclaration sur la sécurité des écoles. Il est aussi essentiel aux yeux de Plan international et les autres, d’inclure systématiquement la santé mentale et le soutien psycho-social dans la réponse éducative et de protection de l’enfance.

Laisser un commentaire