Formation de commandants et directeurs des secours médicaux : Une simulation d’incendie bien exécutée par les stagiaires

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L’Institut supérieur d’étude de protection civile (ISEPC) en collaboration avec la coopération française assure la formation de commandants des opérations de secours médicaux et directeurs des secours médicaux (COS/DSM) au profit de 22 stagiaires venus de 14 pays différents. Ce mercredi 21 septembre 2022, ils ont été confrontés à un exercice de simulation d’incendie à l’hôtel Lancaster Ouaga 2000. L’objectif était de s’assurer de l’assimilation de la formation des stagiaires, depuis le stade de la direction des organisations de secours jusqu’aux secouristes.

Déroulement des faits

Il était 17h33, lorsque les soldats du feu ont reçu un coup de fil de l’hôtel Lancaster, faisant cas d’un incendie. En 10 minutes, ces derniers étaient déjà sur place. Le constat était tel : au deuxième étage du bâtiment, exactement où est logée l’équipe de football burkinabè, côté ouest, on peut apercevoir la fumée qui s’échappe des fenêtres, pointant haut, vers le ciel. Du bas des escaliers, on peut entendre les échos sourds des cris fous des personnes qui s’y trouvent, signe que le feu a fait des prisonniers qui, ne sachant pas comment se tirer d’affaire, appellent inlassablement au secours, avec l’infime espoir que la providence leur sourit. Plus on se rapproche en montant les escaliers, plus les cris deviennent de plus en plus audibles. « A l’aide ! Venez m’aidez !

Peut-on entendre. En deux temps trois mouvements, les équipes des sapeurs-pompiers déploient leur arsenal et c’est parti pour l’opération de sauvetage.
Très vite, les escaliers sont battus en grandes enjambées. Les soldats du feu entrent dans les bâtiments cagoulés et gantés, armés de tuyaux d’incendie, de haches, bref, tout ce qui peut servir pour l’opération. De l’extérieur, sur le balcon, on peut entendre des coups de marteau, probablement le bruit des portes qui sont défoncées pour sauver les victimes. Tout de suite la presse se fait une idée. Pénétrer la zone pour scruter les choses de plus près. Ils se ruèrent donc vers l’entrée, mais dès qu’ils parviennent au seuil de la porte et s’apprêtent à braquer leurs caméras, ils sont rattrapés par le capitaine Néfan, officier de communication.

Le capitaine Néfan faisant le point de l’incendie à la presse

De vive voix mais avec un ton assez flatteur, il s’exprima en ces termes : « s’il vous plait mes amis, n’approchez pas la zone. Vous risquez de gêner la bonne marche de l’opération. » A la question d’un journaliste de savoir comment obtenir les images s’ils n’ont pas d’accès, le capitaine répond : « vous aurez vos images à la fin de l’opération. En attendant, veuillez-vous mettre de côté pour permettre aux secouristes de faire correctement leur boulot et pour votre propre sécurité. » Puis, comme pour signifier qu’il comprend leur peine, il passa ses mains par-dessus l’épaule des journalistes proches de lui, avant de les raccompagner vers un endroit plus sûr. Une fois cela fait, il retourna dare-dare au charbon.

Aussitôt, certaines victimes sortaient du bourbier, épaulées par les sapeurs. Ceux qui peuvent marcher sont quand même soutenus. Ceux qui malgré les efforts n’y arrivent pas sont transportés jusqu’au Poste médical avancé (PMA). Là, le pompier à leur charge décrit en deux termes (difficultés respiratoires par exemple) la situation de la victime, avant de suivre les instructions du chef de poste. Sous des tentes fixées sur le site, les blessés sont pris en charge par une équipe médicale.

Les sapeurs-pompiers s’occupant des victimes de l’incendie au PMA

La manœuvre se poursuit et les soldats de feu s’activent à contenir les flammes. Les cris et bruits assourdissants sont aigus et stridents. Profitant de l’inattention de l’officier de communication et décidément résolus à savoir ce qui se trame, la presse s’acharnait à nouveau vers la zone d’entrée et eut accès à la zone d’intervention. Ils furent accueillis par un fort brouillard. Que du flou ! En revanche, on peut apercevoir les secouristes qui courent de partout, fournissant de gros efforts physiques pour trimballer les équipements. Quelques-uns sont stationnés devant les portes. Certains donnant des indications.

D’autres vérifiant que toutes les chambres sont vides et qu’aucune victime n’est encore sur les lieux. Alerté que la presse se trouve à l’intérieur, le capitaine Néfan interviendra pour expulser tous les journalistes. Une fois à l’extérieur, il les conduira à nouveau bien à l’écart et promet de revenir avec toutes les informations pour les édifier. Dehors, la manœuvre se poursuivait avec les soldats du feu qui veillait au soin des malades au PMA. Ce sombre défilé se tiendra pendant 1h30.

Les soldats du feu ont établi un périmètre de sécurité avant d’établir le bilan de l’incendie

Finalement, deux périmètres de sécurité furent établis. Le premier par la police pour interdire à quiconque l’accès à la zone sinistrée. Le second par les sapeurs-pompiers pour faire le bilan de l’incendie. Pendant que les chefs des unités livraient leurs dernières informations, un des journalistes qui s’était incrustés parmi eux lança : « Avez-vous des nouvelles des footballeurs qui étaient à l’intérieur ? » Il est vrai que cette situation inquiétait plus d’un. Pour preuve, au périmètre de l’hôtel, squattaient des badauds, tous soucieux du sort des victimes de l’incendie, mais principalement de celui des joueurs. Tous les regards furent braqués sur l’émetteur de la question.

Les soldats du feu en intervention dans l’hôtel

Se rendant compte que les journalistes avaient infestés la masse, une trêve fut observée histoire d’extirper tous les journalistes, les conduire à nouveau loin du rassemblement des pompiers. Sans trop de commentaire, le capitaine Néfan lâcha : « je vous reviens dans quinze minutes » avant de retourner sur ses pas. Leur huis clos dura une trentaine de minutes. Puis, se dispersant, le capitaine vint vers la presse pour le point. « Nous avons enregistré onze victimes. Il y a neuf blessés. Quatre gravement touchés et cinq légèrement atteints. Parmi les blessés, figurent trois sapeurs-pompiers. Deux graves et un léger. Pour ce qui est des décès, malheureusement, deux ont succombé aux flammes. L’origine du feu reste jusque-là inconnue. La police judiciaire se chargera de vous le communiquer plus tard » confie-t-il aux médias. A la question de savoir si les joueurs se portent bien, il dira : « sept joueurs sont légèrement blessés. Ils ont tout de suite été pris en charge par le PMA et leur état est stable. »

Les stagiaires et les formateurs ensemble sur la photo de famille

Impressions du formateur suite à l’exercice

Le lieutenant-colonel Xavier Guesdon des pompiers de Paris a en charge de la formation des stagiaires. L’objectif dit-il est « d’entraîner les pompiers de Ouaga et créer parallèlement quelque chose de plus dynamique pour nos stagiaires qui ont assuré le commandement de ces opérations. C’est la première et la seule fois où ils vont le faire avec des troupes de manœuvre. »

L’engouement des stagiaires durant les trois semaines de formation s’est soldé par un satisfécit du formateur, qui dit donner une bonne note à l’exercice qui s’est déroulé. « Les apprenants avaient une grande volonté d’apprendre, ils cherchent vraiment à s’améliorer en permanence. Aujourd’hui je suis très content du résultat de l’exercice. Ils ont mis en œuvre tout le savoir qu’on leur a appris. Il y a quelques petits éléments à revoir, mais c’est normal car c’est la première fois qu’ils font cet exercice. Mais de façon générale, le résultat est très positif », s’est réjoui Xavier Guesdon.

Le lieutenant-colonel Xavier Guesdon dit avoir apprécié la promptitude des apprenants durant l’intervention

Impressions des apprenants

« Durant ce stage, il était question d’organisation de toute la chaîne intervenant dans les secours, depuis la direction des organisations des secours, dirigée généralement par le maire, jusqu’aux derniers intervenants que sont les secouristes. Ce sont ces derniers qui prennent en charge les victimes lorsque se produit un incident » a laissé entendre le médecin colonel-major Désiré Douti, l’un des apprenants.

« Le médecin colonel major Désiré Douti a remercié les formateurs pour le savoir acquis

L’exercice auquel ils ont été confrontés leur a permis de se mettre en situation réelle, toute chose qui leur permettra dans leur pays respectif, de mieux aborder la problématique de secours. Désormais, ils seront au cas échéant à même de prendre les mesures idoines pour que leurs interventions soient les plus efficaces possibles.
En rappel, l’Institut supérieur d’étude de protection civile (ISEPC) a été créée par le décret n° 2013-412/PRES/PM/MEF/MATS du 30 mai 2013. Il est né de la volonté des Etats africains d’améliorer les capacités des services de protection civile en Afrique. C’est le Burkina Faso qui abrite le siège de l’institution.

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